Dispositifs de l'habitation : Hélène Lenoir et Eugène Savitzkaya
À l’aide d’outils d’analyse proposés par la théorie littéraire, la philosophie et la psychanalyse ainsi que par des travaux relatifs à la géographie, l’architecture et l’urbanisme, cette étude s’attache aux objets et dispositifs caractéristiques de l’habitation déployés dans les textes respectifs d’Hélène Lenoir et d’Eugène Savitzkaya.Prenant acte du caractère double – parlant et habitant – du sujet de langage, Hélène Lenoir et Eugène Savitzkaya réalisent une analyse très précise de l’espace domestique. Considérer ces deux œuvres comme des écritures de l’habitation révèle plusieurs questions cardinales de ces productions littéraires, de nature thématique (le traitement du corps et de la famille, la métaphore picturale, la description du quotidien, etc.), formelle (le point de vue, le ressassement, le discours intérieur, l’inscription matérielle dans le sol urbain, etc.) et esthétique (la tension entre habiter et représenter ; le rôle de la poésie dans l’espace public ; la relation entre spatialité et énonciation, plus précisément entre l’habitation, la parole et l’écriture). En faisant jouer des dialectiques d’ordre spatial, ces deux esthétiques de l’habitation interrogent aussi des discours contemporains (le pouvoir du regard, la crise de l’intime, la question de l’origine, les effets de la mondialisation).
Les confinements récents ont montré combien les logements, tout en servant d’abris, pouvaient simultanément cristalliser malaises, inégalités et relations de pouvoir comme constituer un terreau d’expérimentations et de création. Une force opératoire déjà mise en lumière par les œuvres contemporaines s’étant emparées de l’habitation en tant que dispositif littéraire.