Enjeux contemporains de la prison
Indicateur sensible des changements de la punitivité dans le monde occidental, l'usage de la prison n'en finit pas de croître
depuis une trentaine d'années ;dans le même temps, la critique de la prison et la démonstration de ses impossibilités ont rarement été aussi nourries par les expériences et analyses de ceux qui, à divers titres, côtoient l'univers carcéral. Les enjeux contemporains de la prison se déclinent autour de ce paradoxe.
Mise en chantier en 1996, une législation destinée à encadrer l'exécution des peines privatives de liberté a été adoptée en 2005. Si cette loi confirme le mouvement de judiciarisation et de juridicisation impulsé dans les années 1970 en vue de la reconnaissance des droits des détenus, les modalités de sa mise en 'uvre montrent plutôt qu'elle est avant tout une nouvelle source de légitimation de l'institution, de plus en plus réduite, pour le reste, à ses fonctions de neutralisation dans un contexte de punitivité accrue.
A cette critique est opposée l'impossibilité de mettre en 'uvre une telle loi face à la situation de surpopulation qui caractérise nombre d'établissements pénitentiaires belges. Le constat est loin d'être faux, mais il ne doit pas pour autant occulter d'autres obstacles, parfois plus fondamentaux, que permet de discerner l'examen des principaux objectifs liés à la réhabilitation, que sa forme soit ancienne - la réinsertion - ou nouvelle - déclinée sur le mode de la réparation ou de la responsabilisation.
Face à ce qu'un collectif d'agents de l'administration pénitentiaire avait appelé « l'impossible réforme des prisons », il faut alors revenir sur la question de l'abolition de la prison.